Blanche-Neige (création du Ballet Preljocaj)

Le Grand Théâtre de Provence invite à nouveau Blanche Neige. Qu'une mère se veuille éternellement plus belle et désirable que sa fille, voilà qui de nos jours ne devrait plus surprendre, tant l'allongement de la durée de la vie semble donner à beaucoup les espérances les plus folles. Tant aussi prospère aujourd'hui un marché de l'éternelle beauté venu conforter ces nouvelles inconséquences contemporaines. Ah si nous pouvions ne pas mourir, ne pas voir notre image changer ou se dégrader ! Blanche Neige, telle que la voit Angelin Preljocaj, est avant tout l'histoire d'une mère qui ne veut ni vieillir ni mourir...
En somme, il s'agit d'un récit d'apprentissage à l'envers. Autrefois, du temps des frères Grimm, c'est aux enfants qu'on racontait les fables supposées les aider à grandir, maintenant, c'est aux adultes qu'il est préférable de les faire entendre.
Voilà donc Angelin Preljocaj en fabuliste des travers des temps présents. Mais il y a autre chose dans cette histoire que l'histoire ne dit pas tout à fait, sous-texte ou mobile caché. Avec Blanche Neige la féérique, la débordante, la multiple, tout semble s'être passé comme si Angelin Preljocaj avait trouvé le pendant presque exact d'Empty moves l'austère, la silencieuse, la minimale. On en viendrait presque à imaginer un diptyque, tant ce qui éloigne ces deux pièces l'une de l'autre est aussi ce qui les rapproche, à savoir un questionnement de notre double appartenance, l'européenne côté Blanche Neige, l'américaine côté Empty moves. Où l'on voit que s'il emprunte souvent au divertissement et à ses codes, l'art chorégraphique n'en donne pas moins à penser.
Aix-en-Provence - Le Pavillon Noir
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