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Mercredi 27 Novembre 2019

Hocus Pocus : « Notre musique s'est transmise entre les générations »

Presque dix ans après leur dernier album, 16 Pièces, la bande d’Hocus Pocus est revenue fouler les scènes de France. Une dernière tournée qui a réveillé les passions, comblé les fans et qui cache aussi bien des nouveautés : 20syl nous a tout raconté lors de son passage à la Fiesta des Suds.

Avec Hocus Pocus, ça faisait presque dix ans que vous n’aviez pas retrouvé votre public. Vous l’avez senti comment ?
20syl : Il a clairement pris 10 piges ! Un peu comme nous. Pas mal d’entre eux sont devenus parents, ça change les perspectives. Du coup, c’est un public moins énervé, moins spontané, mais qui apprécie toujours nos morceaux. On est resté fidèle à ce qu’on faisait à l’époque. On n’a pas voulu tout chambouler, justement pour pouvoir retrouver ces frissons et ces sensations. Après, on a eu la surprise de constater que notre musique s’est transmise entre les générations. Sur certains festivals, on était programmé avec des groupes qui, pour le coup, ont des publics vraiment très jeunes. En Vendée, par exemple, on a joué le même soir que Columbine, c’était surréaliste. Leur public n’a pas du tout les mêmes codes ni les mêmes délires que le nôtre. Mais on sentait que les jeunes voulaient entrer dans notre délire, et nous on voulait les embarquer. Ça a donné une drôle d’alchimie et l’envie d’explorer de nouvelles pistes.

Est-ce que vous avez modifié vos textes entre temps ?
Non, mais certains morceaux sont interprétés avec un trait d’humour qui n’était pas forcément présent à l’époque. Quand je chante Hip hop ? et que je parle de nous dans 10 ans, alors que c’est un morceau qu’on a écrit y a 10 ans, on y est ! C’est assez drôle d’avoir ce recul et de pouvoir regarder en arrière à travers ce son. Après, il y a des morceaux plus conscients comme Quitte à t’aimer où le texte, qui parle de la société de 2009-2010, est toujours d’actualité. Pourtant on évoquait des choses précises. Parfois, j’ai l’impression qu’au plus on est précis, au plus on est universel.

« J’ai cette soif d’aller au bout
d’autres projets que celui
d'Hocus Pocus »

 
Ce n’est pas un peu déprimant comme constat ?
Ça, c’est clair. Sur Quitte à t’aimer ça met un coup. On se dit qu’on est toujours sur les mêmes problématiques. Ça, c’est un classique. Quand on écoute les textes des premiers albums d’I AM ou NTM, c’est la même chose. Les grands sujets comme le racisme ou les inégalités sont des choses qui n’évoluent pas très vite, ni dans le bon sens en général.

Avant cette tournée, vous disiez que ça resterait un « one shot ». Est-ce toujours vrai, même après tous ces bons moments ?
C’est toujours vrai, pour pas mal de raisons. On est passé à autre chose. À titre personnel, je suis plus dans la composition et la production, ce qui bloque le processus créatif d’Hocus Pocus, qui tourne autour de mon écriture. Comme c’est quelque chose que je ne pratique plus, c’est difficile de faire des morceaux. Maintenant, on ne s’interdit rien. Si on a envie de refaire des choses on en fera, mais j’ai cette soif d’aller au bout d’autres projets, plus personnels et radicalement différents. Tant qu’on n’aura pas été au bout des autres cycles, on ne reviendra pas aux albums d’Hocus.

Quels projets ?
Le groupe AllttA, qui est un duo avec un rappeur américain qui s’appelle J. Medeiros. On a déjà sorti 2 albums et on en prépare un 3e. David, le guitariste, a un projet solo, donc j’espère qu’il va enfin sortir son album. Chacun des membres joue aussi dans d’autres formations. Greem, le DJ, est dans plein de projets. Il en a un nouveau qui s’appelle Grand turn, qui est très cinématique, électronique, et il a un autre projet autour des musiques sud-américaines qui s’appelle Alligatorz. Il y aura aussi un nouvel album de C2C un petit peu plus tard. C’est excitant, mais ça prend beaucoup de temps.

« J'ai l'impression que la
nouvelle génération de rappeurs
est plus culottée »


Avec Hocus Pocus, vous avez créé une esthétique particulière, très narrative. Entre temps, le rap est devenu un genre musical incontournable. Quel regard portez-vous là-dessus ?
J’ai l’impression qu’aujourd’hui, il y a plein de types de narrations, tout aussi fortes que ce qu’on pouvait développer à l’époque. Avec ce côté décomplexé en plus, où les rappeurs et les rappeuses n’ont plus peur de se frotter à des productions plus électroniques. Quand on voit des mecs comme Orelsan, par exemple - encore que je ne sais pas si on peut le mettre dans la nouvelle génération - j’ai l’impression que c’est plus culotté. Nous, on restait dans nos carcans, on n’allait pas trop voir du côté de la techno, de l’électro, du RnB ou du rock. Aujourd’hui, on a des gars comme Lomepal ou Romeo Elvis qui sont moins fermés dans ce qu’ils vont explorer comme styles musicaux. Il y a quelques jours j’écoutais le morceau de Philippe Katerine avec Lomepal (88%, ndlr), et le couplet de Lomepal, je le trouve super culotté pour un rappeur. À mon époque, on n’aurait jamais été aussi loin dans le texte. Je trouve ça mortel de voir des prises de parti radicales et osées.

Vous ne trouvez pas que ça manque d’instruments par rapport à Hocus Pocus ?
En France peut-être, parce qu’on n’est pas imprégné des musiques noires comme les américains avec le gospel et tout ça. Disons que ça ne transpire pas autant dans les productions. Mais à côté de ça, si tu regardes par exemple le nouvel album d’Oxmo, il y a des musiciens tout le temps. Et d’ailleurs, sur la plupart des morceaux des albums d’aujourd’hui, des musiciens interviennent à différents niveaux. Parfois, ce sont des instruments virtuels, mais ça joue quand même, peut-être même plus qu’à notre époque. Les jeunes producteurs sont souvent des gens qui sont bons au clavier ou qui bricolent bien les sons, sans avoir forcément la culture du sampling. Le sampling apporte une diversité de couleurs, de matières sonores, de textures que tu n’arriveras jamais à avoir avec des musiciens en studio. Ça va te permettre d’avoir, dans un même album, du bebop et de la musique africaine. Tout évolue, mais je trouve que ce n’est pas moins bien en tout cas.

Si vous pouviez réaliser n’importe quel projet ?
Ça m’a traversé l’esprit de faire un album de producteur en n’invitant que des rappeurs français, et de croiser old school et new school. Ça me brancherait vraiment d’aller chercher des gens comme Roméo Elvis et de les faire rapper avec des mecs de ma génération. Ce serait intéressant en tant que beatmaker, il y aurait pas mal de choses à faire.

Photo : Jean de Peña

Hocus Pocus en 5 titres

Le morceau incontournable : Quitte à t’aimer
(Place 54, 2007)

Le morceau pour faire un bond dans le passé : Hip hop ?
(73 Touches, 2005)

Le morceau pour s’ambiancer : Onandon
(73 Touches, 2005)

Le morceau pour swinguer : I Wanna Know (feat Stro The 89th Key)
(16 Pièces, 2010)

Le morceau pour bosser son anglais : Vocab ! (feat T-love, The Procussions)
(Place 54, 2007)