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Dimanche 03 Janvier 2021

Wax Tailor : « Au lieu de m'assagir, je suis de plus en plus en colère »

Musique

Wax Tailor, c’est 20 années de carrière en dehors des sentiers battus, à distiller ses samples entre l’Europe et les États-Unis. Son dernier album, The shadow of their suns est sorti le 8 janvier dernier. Entretien avec un artiste qui n’a pas sa langue dans sa poche.

Tu sors un nouvel album, The shadow oh their sun. Que raconte-t-il ?

Quand je commence à vraiment conceptualiser un disque, j'ai toujours un titre en tête. Celui-ci, The Shadow on their suns, donc en français « L'ombre de leurs soleils », c'est évidemment un titre à porte d'entrée allégorique. La lecture que j'en ai, elle vient du mouvement post subprime aux États-Unis, celui des 99%, de cette masse de gens qui vivent dans l'ombre de soleils artificiels. Il y a une grande masse populaire qui est complètement marginalisée aujourd'hui, par rapport à une petite minorité qui est dans la lumière, dans un entre-soi. A l'échelle de la musique, en tant qu'artiste indépendant, j'ai l'impression d'être dans l'ombre d'un soleil médiatique. Je ne suis pas en train de te dire « putain je suis jamais invité chez Cyril Hanouna », mais les artistes alternatifs, qui ont pourtant un public, n'ont pas droit de cité. Et le premier qui débarque avec sa guitare sèche et un son tout pété en français, parce qu'il est chez Universal il va avoir tous les réseaux, il va faire tous les plateaux télé. Pendant que certains de ces artistes sont surexposés, toi tu cravaches. Et pendant ce temps-là, tu n'es pas en studio, tu es juste en train de vider la mer à la petite cuillère.

Il y a pas mal de collaborations sur cet album. Tu écris les morceaux spécifiquement pour ces artistes, ou ça se fait plutôt en fonction des opportunités ?

 Mon plus gros souci, c'est que je suis absolument incapable d'aller vers quelqu'un en disant « Salut, j'aimerais bien travailler avec toi ». Donc j'ai toujours une idée de départ, et je discute avec les artistes pour essayer de leur expliquer ce que je veux. C'est assez compliqué, parce que tu demandes à quelqu'un de rentrer dans ta tête. C'est un échange, bien sûr, mais j'essaye de donner une direction. Ensuite, l'artiste s'accapare le morceau, il te surprend, il propose des trucs cool auxquels tu n'avais pas pensé. C'est vraiment un titre, un artiste, une idée. Après, on va pas faire de langue de bois, il y a aussi le problème de tous les artistes qui sont entourés par ce cancer de la musique qu'on appelle des managers. Donc il y a des choses que tu n'arrives pas à faire. Mais j'ai tendance à me dire que si ça ne se fait pas, c'est pour de bonnes raisons. Et sur cet album, j'ai globalement réussi à avoir les artistes que j'avais en tête.

Est-ce que tu peux me parler un peu du clip Misery ?

C'est Berkay Turk, qui est un réalisateur motion, qui m'a contacté. On a discuté, j'ai regardé ce qu'il faisait, j'ai trouvé que c'était du super bon boulot. Je n'avais pas encore fini l'album, mais j'avais ce titre en tête. Tu vois un peu sur quel chemin de traverse je continue ma route, donc je ne cherchais pas une cartouche à radio, ça j'en ai rien à foutre, mais plutôt un titre qui pourrait raconter quelque chose avant que l'album arrive. Au départ pour Misery j'avais en tête quelque chose de beaucoup plus ancré dans le réel. Et je me suis rendu compte, en discutant avec les gens autour de moi, que j'avais ce problème-là. Au lieu de m'assagir, je suis de plus en plus en colère, c'est une catastrophe. Et en images, je trouvais que mes idées étaient beaucoup trop politiques au sens, peut-être, un peu bas du front, trop cash. Alors que c'est plus intéressant de prendre une distanciation, d'avoir des imageries. Avant ce clip, on avait parlé avec Berkay du film Network, sorti en 76. C'est l'histoire d'un présentateur télé vieillissant, qui se fait virer d'un network. Il vit très mal le truc, il pète les plombs à l'antenne et demande aux gens de se révolter. La productrice de l'émission hésite entre « Coupez moi le bordel » et « il y a peut-être moyen de faire de l'audience ». Aujourd'hui le network ce sont les réseaux sociaux, la toile s'est agrandie. Les réseaux sociaux, c'est l'opium du peuple. On est dans une mise en scène constante. Dans Misery, les symboles, les emojis, représentent ce fluide qui se répand dans la société.

Dans cet album, 5 morceaux sont purement instrumentaux. Comment on travaille sur les samples, sur la texture du son ?

 La culture du sampling, ça reste une nébuleuse complètement inaccessible et parfois mal perçue. Beaucoup de gens confondent sample et boucles. Je n'utilise quasiment que des samples. Mon approche, c'est de créer une atmosphère, de faire en sorte que cette texture renvoie à une image mentale. Et sur cet album, j'avais vraiment envie de plus d'espace. C'est comme si j'étais un plasticien qui passait des heures devant une toile. Je regarde, je marche, je me fais un café, je réécoute et je me dis qu'il manque un truc. Ce n'est plus une question de mélodie, c'est une question d'arrangement, dans le bon sens. J'ai besoin que le son raconte quelque chose par son atmosphère, qu'il transmette un ressenti.

J'ai besoin que le son raconte quelque chose par son atmosphère, qu'il transmette un ressenti.

Tes premières dates sont prévues en 2021, comment tu envisages le retour sur scène ?

Comme tout a été décalé, ça me laisse plus de temps. J'ai mis les grandes lignes en place, mais il y a encore beaucoup de questions. Pour l'instant, j'ai beaucoup bossé la scénographie. Aujourd'hui, je vois une surenchère de technicité dans les shows. Il y a toute une génération, Nekfeu, Orelsan, Vald, qui ont en commun d'avoir un public jeune qui est à balle là-dessus. Parfois je vois des photos de ces lives, et je me dis que si tu enlèves le mec, tu ne sais pas dire quel show c'est. Alors que si tu vois une photo d'un show de M par exemple, tu vas savoir que c'est lui, même s'il n'est pas là. J'ai adoré ma dernière tournée, mais en regardant l'installation de la scène je me suis dit « Putain c'est froid, fait chier ». Il y avait des vidéos, des trucs, mais c'était impersonnel. Ça me travaille beaucoup. Alors bien sûr, on n'a pas les mêmes moyens que les très grosses productions, mais on essaye d'injecter de la poésie et des choses sensibles. Et pour l'équipe, on est en train d'y réfléchir aussi. J'ai trois de mes quatre musiciens qui sont qui sont de la partie pour l'instant, et j'aimerais aussi avoir Yugen Blakrok, une rappeuse avec qui j'ai adoré bosser.