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Mardi 04 Août 2015

Laurent Garnier, odyssée d'un DJ

Depuis 30 ans, des premières raves aux plus grands clubs, il fait bouger les dance floors. Son succès, il le doit à son éclectisme dans ses sons et dans ses choix artistiques, mais aussi à sa capacité à s’adapter et se renouveler sans jamais se renier. Avant de passer derrière les platines du cabaret aléatoire pour fêter les 25 ans de carrière de son ami Jack de Marseille, il a accepté de recevoir Magma dans sa loge. Rencontre avec un monument de l’électro.

Tu es tombé dans la musique quand tu étais petit ?
Les Djs n'existaient pas vraiment, ou en tout cas n'étaient pas connus quand on était gamins. On voulait tous être chanteurs ou guitaristes, on se fabriquait des guitares en carton. Mais je me suis rapidement rendu compte, vers 13-14 ans, que ce que je voulais c'était mixer des disques pour faire danser les gens, et partager avec les autres ce que je ressentais en écoutant de la musique. Quand mes copains jouaient au foot le weekend moi je mixais dans ma chambre. La radio a beaucoup participé à cette envie. Dans les années 80 on parlait du monde de la nuit à la télé et sur les ondes, les gens sortaient beaucoup. A la télévision, on pouvait voir Yves Mourousi présenter des soirées en direct des bains douches. Ça me fascinait.

La légende dit que le titre « I Feel Love » de Donna Summer (en collaboration avec Giorgio Moroder) t'a beaucoup inspiré. C'est vrai ?
C'est une chanson importante, mais je ne sais pas si c'est elle qui a déclenché une vocation. Ce que j'ai aimé dans la version club disco de cette chanson, c'est l'espèce de gros délire de machines synthétiques. C'était les prémices de la house et de la techno, ça tabasse pendant un quart d'heure ! Les machines étaient déjà importantes, le disco mutait vers quelque chose d'autre. Après j'écoutais beaucoup de choses, en fait j'aimais la musique qui faisait danser : la new wave, le rock... J'étais tiraillé entre le côté super dark des Cures et le côté happy du disco.

Parmi tes collaborations artistiques on retrouve le chorégraphe Angelin Preljocaj. C'est très différent de faire danser le public sur vos compos et de composer pour des danseurs ?
Ça n'a rien à voir. Les danseurs contemporains ou les danseurs classiques peuvent utiliser le silence pour danser. Ils n'ont pas du tout les mêmes repères. Ça m'a permis de travailler sur des choses qui ne pourraient pas marcher sur un dance floor, donc j'ai eu beaucoup plus de liberté, j'ai pu tout faire. Sur un dance floor tu es quand même là pour cerner les gens et les emmener en voyage. C'est toi qui les guide. Pour une compagnie de danse tu ne sers pas du tout à la même chose, tu ne racontes pas la même histoire. Quelque part tu as plus de liberté par rapport à la musique parce qu'il n'y a plus de règles.

Ça fait quelques années que tu fais danser ton public justement. Comment on fait pour rester proche des jeunes générations ?

Je trouve qu'ils n'écoutent pas une musique très différente de ce que moi j'écoute. J'ai commencé à jouer il y a quelques années, et même si la techno a évolué, je ne pense pas que le son d'aujourd'hui soit aux antipodes de ce que j'ai défendu au début de ce mouvement. Je me reconnais tout à fait dans ce qu'ils écoutent, parce que j'aime danser, j'aime la musique, profondément. Bouger mon cul quand j'écoute un truc qui me parle, c'est viscéral. A partir du moment où tu t'adresses à des choses super primaires comme ça, tu crées une forme de sincérité qui se transmet dans nos sets de Dj. Je ne me sens pas décalé. Il n'y a rien d'autre dans le rôle du Dj que de partager. Tu ressens, tu reçois, tu donnes, c'est simple. Enfin, si le public est réceptif. Aujourd'hui il est beaucoup pollué par la technologie, par le téléphone portable. Normalement tu vas dans les clubs pour te lâcher, t'abandonner. J'ai l'impression que les jeunes générations ont plus de mal à s'abandonner, les choses ont un peu changé.



Il y a quelques années tu as sorti le livre Electrochoc, une chronique de la musique électronique depuis 1987. C'était une manière de laisser un héritage ?
Je ne sais pas si c'est un héritage, mais on a la chance d'avoir vécu et traversé toute cette période. On a vécu des choses incroyables, on s'est beaucoup battus aussi. La nouvelle génération ne peut pas se rendre compte de tout ça. J'ai écrit Electrochoc avec David (Brun-Lambert, ndlr) pour pouvoir raconter tout ça. J'aime comprendre comment la musique a évolué et comment les choses se sont faites.

... Et il est question de l'adapter au cinéma ?

Je ne l'adapte pas exactement, même si le film risque de s'appeler Electrochoc. Mais pour moi électrochoc c'était déjà fait, je l'avais déjà écrit. Et Je n'aime pas me répéter. C'est un peu comme dans la musique, je n'ai pas fait 25 Man with the red face ou 25 Crispy Bacon. Du coup on a beaucoup réfléchi sur la forme que devait prendre le film, parce que je ne voulais pas faire un documentaire. Je suis parti sur l'idée d'auto-fiction, de « fictionner » mon personnage pour pouvoir me libérer de la vérité. Il y a beaucoup d'éléments d'électrochoc : une fête par-ci, un événement par-là, mais le personnage ne vivra pas les choses de la même manière, il n'aura pas la même jeunesse par exemple. Je me suis laissé beaucoup de liberté pour écrire cette histoire, qui n'est pas autobiographique mais dans laquelle il y a beaucoup de moi.



En 2015 tu as sorti Home box, une production 2 en 1 où chaque morceau a été remixé par un Dj de la jeune génération (Traumer, Bambounou, Voiski). Pourquoi cette démarche ?
Ce projet a commencé il y a un an, un an et demi, quand j'ai eu envie de revenir au dance floor. Je voulais rester ouvert, mais je m'étais rendu compte que quand tu mets trop de choses différentes sur un album, certains titres ne ressortent pas. Je me suis posé la question : aujourd'hui à quoi ça sert de faire un album avec 12 titres les uns après les autres ? C'est un modèle archaïque.
Donc je suis parti de l'idée de ne pas faire un album du tout. J'ai voulu travailler autour de chaque morceau pour en extraire un maxi. Après avoir fait plusieurs tracks à droite à gauche dans différents pays, on a approché plusieurs labels en leur expliquant qu'on allait les regrouper sur un même projet. On voulait leur montrer que malgré leurs différences de son, ils travaillent tous, et nous aussi, vers le même but. Et quand j'ai sorti mes EPs, j'avais finalement assez de musique pour faire un album, et nous avons lancé les remix. Quand on a eu toute cette musique, avec des morceaux qui avaient déjà eu leur histoire, on a considéré l'album comme une sorte d'aboutissement. Je n'aurai jamais pu arriver à ce résultat si j'avais poussé les portes d'un studio en décidant d'enregistrer 12 morceaux.

                                             /// QUIZ ///

Le dernier titre qui vous a emballé ? Looking too closely de Fink
Le DJ prometteur du moment ? Y en a plein... Je vais dire Traumer
Votre club préféré ? Le Panorama bar à Berlin. Ça fait 10 ans que je joue là-bas, et c'est encore un lieu où tu peux avoir des expériences presque mystiques.
Le morceau que vous écoutez qui s'éloigne le plus de votre univers ? Y en a pas vraiment parce que j'écoute de tout. Je vais dire une chanson d'Axelle Red dont je ne me souviens plus du titre, « rester » quelque chose (la rédaction soupçonne très fortement « rester femme »). J'aime tout mais pas n'importe quoi. La barrière se place à Sardou.

 > Merci à La Konfiserie pour leurs photos et leur gentillesse.