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Lundi 12 Octobre 2015

Mon Roi : les amants déchus de Maïwenn

Mon Roi, le dernier film de Maïwenn, sortira en salles dans quelques jours. Tony (Emmanuelle Bercot) en convalescence dans un centre de rééducation, nous plonge dans son histoire d’amour avec Georgio (Vincent Cassel), et se remémore les 10 années vécues avec cet homme, son roi, de leur rencontre à leur premier enfant, des débuts de leur passion à leur déclin. Lors de son passage à Marseille, la réalisatrice s’est prêtée au jeu de l’interview.

Vous aviez ce scénario en tête depuis longtemps ?
10 ans. Pendant longtemps je l’ai remis à plus tard, il me manquait quelque chose  pour que je me dise « c’est le bon moment, je me sens prête ». J’ai toujours une grosse peur qui alimente mes envies, et là cette peur m’anéantissait. Il y a des sujets qui font plus peur que d’autres au cinéma. Pour moi, c’était la partie où ils sont amoureux qui était difficile à réaliser. S’il avait fallu faire un film sur des gens qui se déchirent j’aurai eu moins peur, mais je ne voulais pas faire abstraction de cette période là. Je trouvais que c’était essentiel pour comprendre pourquoi ils revenaient sans arrêt ensemble, pourquoi ils n’arrivaient pas à se séparer. Il fallait qu’on accroche, qu’on croit à leur rencontre. Je trouve que souvent au cinéma, les rencontres sont mièvres, bâclées. Je voulais que ce soit gai, vivant, avec des petites touches de « signal ». Par exemple, le contexte de la rencontre avec Georgio, tard dans la nuit, en boîte… Tony décide de ne pas interpréter ce qu’elle voit.    

Pourtant, vous l’avez écrit à 4 mains avec Etienne Comard. A-t-il changé votre regard sur cette histoire ?
J’avais besoin de sa validation, de son aval. J’avais été le voir 1 an avant de me relancer dans l’écriture, avec une version de scénario très vieille, et il ne voyait pas trop l’intérêt de faire le film. C’était une version où il n’y avait pas encore la distance que le personnage a grâce à l’accident. Et 6 mois après, comme quoi je suis influençable (rires), je suis revenue avec l’histoire de l’accident, et des sauts dans le temps qui permettent de prendre de la hauteur et de donner à Tony l’occasion d’analyser son histoire. Quand j’ai amené cette idée il a tout de suite accepté.

Vous avez toujours pensé à ces acteurs pour ce film ?
Bercot oui, et Cassel est venu beaucoup plus tard. Ce qui m’empêchait de le visualiser totalement, c’est que je ne le connaissais pas, je ne l’avais jamais rencontré. Je trouvais que dans Mesrine il avait un tempérament drôle, mais je n’en étais pas sûre, et mon personnage devait être très drôle, c’était très important. Et quand je l’ai rencontré la première fois il n’était pas vraiment drôle, mais je l’ai trouvé charismatique, et surtout j’ai senti que c’était un sujet qui l’intéressait par rapport à sa vie personnelle, et qu’il avait envie de défendre la cause masculine.
Pour Emmanuelle, j’ai pensé à elle dès le début, parce qu’au montage de Polisse je la trouvais naturelle, singulière. Et elle a l’avantage de ne véhiculer aucun autre film, même inconsciemment, au spectateur. On peut facilement s’identifier à elle.

Quels personnages vous ont inspiré pour écrire le rôle de Georgio, qui a un profil particulier ?
C’est un peu le Yves Montand de César et Rosalie, mais mis à jour. Il y avait un livre qui m’avait marqué comme ça de John Fante, Pleins de vie. C’est un homme qui aime sa femme, mais qui finit par l’abandonner alors qu’elle est enceinte. On rentre vraiment dans le cerveau du personnage. Mais je préfère être dans le cerveau de la femme que dans celui de l’homme.

Vous ne jouez pas dans ce film. Ça vous a permis de vous investir davantage en tant que réalisatrice ?
Non, il n’y a pas eu un investissement beaucoup plus intense. C’est différent. Je n’ai pas joué dedans parce que c’est un personnage qui se fait complètement bouffer par sa relation, qui tombe dans l’enfer. Et pour aller chercher ces sentiments il faut vraiment lâcher prise. Je ne pouvais pas à la fois réaliser et m’abandonner. On y perd une certaine liberté, bizarrement. Dans tous les films que j’avais faits avant, je mélangeais un cerveau d’actrice et de réalisatrice, l’actrice arrive à se servir des idées de la réalisatrice pour explorer des sujets, donner des intentions qui permettent de continuer à faire de la mise en scène en jouant. Ça met les gens autour au diapason, parce que je transmets l’ambiance que je veux par mon jeu. Expliquer ce que j’attends par les mots, c’est plus compliqué.

Il se dégage beaucoup de naturel de ce film, dans les dialogues et dans le jeu. Comment avez-vous travaillé avec les textes et les acteurs ? Avez-vous utilisé des techniques d’improvisations ?
L’improvisation, quand c’est pris au pied de la lettre, ça peut devenir n’importe quoi. Si ce n’est pas cadré par des dialogues, ça ne fonctionne pas. Je n’ai pas de méthode particulière, j’essaye de créer une intimité avec chaque acteur, en leur donnant des indications à l’oreille, pour que nous soyons les seuls à savoir ce vers quoi nous allons. Et je n’ai pas d’égo sur mon texte, je veux surtout sentir que mes acteurs s’écoutent. Ils pensent souvent que c’est celui qui parle qui va être filmé, alors que celui qui écoute est parfois plus touchant que celui qui pleure.

Vous êtes sur quel projet aujourd’hui ?
Aucun. Il faut d’abord que j’accouche de celui-là. Les films ont une durée de vie assez courte, parce qu’on est jugé sur la première journée, parfois même sur la première séance. On  est influencé par son dernier film, et son succès. Par exemple il y a 6 mois je voulais refaire une histoire d’amour, et puis cette envie s’est évaporée, parce que ça devenait trop proche de Mon Roi. On fait aussi un film en fonction du film précédent. Quand j’ai une idée, je n’ai pas envie d’attendre, car mon pire ennemi est mon propre désir. Je développe une obsession, et le seul moyen de s’en débarrasser est de faire le film…  jusqu’à la prochaine obsession.