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Vendredi 30 Juin 2017

Nicole Ferroni : ça va trancher !

À la terrasse du Café des Arts à Aubagne, Nicole sirote un Gambetta. Un petit coucou et c’est parti : l’Éducation Nationale, France Inter, le parlement Européen, le FN, le théâtre, la méthodologie des sciences naturelles... Ferroni n’a vraiment pas sa langue dans sa poche. Heureusement, quelques gorgées de sirop et les interventions des passants qui la félicitent nous permettent de reprendre nos esprits pour tenter de garder le fil de l’interview. En une heure, nous aurions pu faire 8 pages. On vous fait le condensé de cette rencontre à haut débit (de mots).

Tu as été prof pendant plusieurs années. Tes élèves étaient ton premier public ?

Les métiers de prof et humoriste sont très similaires : dans les deux cas tu as un public et tu veux transmettre un contenu. La grosse différence c’est que les élèves ne sont pas forcément volontaires pour venir ! Face à eux, tu ne peux pas être fatiguée, ou approximative, ou floue. Mais mon premier public, c’est ma famille, même si elle est un peu trop bon public. Je dis toujours que ma mère c’est mon impresario. Elle est comme Bayrou, elle rigole pour rien. Elle rit avant d’entendre la chute.
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Comment on passe de prof de bio à humoriste ?

D’abord parce que ça ne s’est pas bien passé avec l’Éducation Nationale. La première année de stage était très difficile : je devais appliquer ce que l’IUFM m’apprenait et ce n’était pas compatible avec ce que je voyais sur le terrain. Et entre les mutations et les difficultés administratives, on m’a poussée dehors. À chaque fois que j’attendais une réponse pour un poste, c’était négatif. Une copine prof m’a dit « Mais Nicole, est ce que tu ne prends pas ça pour un signe ? Tu as fait 5 ans d’études, tu as galéré pour avoir le concours, et l’Agreg, c’est un appel de la vie qui te dit casse-toi ! ». Ce qui a marqué la rupture, c’est quand mon poste a été supprimé, pendant le mandat Sarkozy, donc je lui dois ma vie ! Au départ j’ai pris un mi-temps, pendant lequel j’ai écrit un spectacle.

Spectacle avec lequel tu tournes depuis quelques années. Comment tu l’as fait évoluer ?

Je fais les dernières dates en ce moment. Il a beaucoup changé, mais en même temps pas vraiment ! Les personnages sont globalement les mêmes. Il y a toujours la cantatrice allemande et son histoire d’amour qui se passe très mal, la bourgeoise qui fait un plan social pour redonner la liberté à ses salariés, le rap de Chantal Goya. Même si celui-là a pris une tournure un peu particulière. Je devais jouer à Toulouse le jour où il y a eu la tuerie de Mohamed Merah, donc on a annulé. J’y suis retournée un mois plus tard, et j’ai commencé le sketch, où je chante qu’un jeune vole un scooter et tire à bout portant... Et en le chantant je me suis dit « Mais qu’est ce que je fais ?! ». Après ce qu’il s’est passé, Charlie, le Bataclan… Le texte qui était comique au départ ne l’était plus vraiment. Il collait trop à la réalité. Je l’avais écrit avant tout ça, à un moment où on pouvait encore faire des blagues de bouffon sur ce sujet.

Comment est-ce que tu as abordé tes premières chroniques dans la matinale de France Inter, le plongeon dans la thématique politique ?

Au début je faisais des chroniques dans l’émission On va tous y passer. C’était plutôt scientifique, ou philosophique. Quand la matinale m’a proposé de m’embaucher, j’ai dit non, parce que je ne connaissais rien en politique. Il y a un an, je ne savais même pas ce que c’était le Parlement ! Finalement on m’a proposé de faire les premières émissions  et de voir. Au départ je faisais des chroniques farfelues, et pas trop engagées. Et puis j’ai eu Vincent Peillon, qui était ministre de l’Éducation Nationale. À l’issue de la chronique je n’étais pas contente, je me suis dit « Putain Ferroni, t’as été prof, tu aurais rêvé de faire une chronique face à lui, t’as raté le coche. »

Et après j’ai eu Benoît Hamon, qui a repris le poste. Là vraiment j’ai bichonné le sujet, j’ai écrit à tous mes potes prof, pour savoir comment ça se passait. Et je me suis dit que je ne pouvais pas ne pas profiter d’être en face d’une personne pour lui dire les choses, même si ça ne me concerne pas vraiment. Progressivement j’ai utilisé l’invité pour le sujet de mes chroniques. On n’est jamais déçu.

Est-ce que tu utilises la méthodologie des sciences de la vie et de la terre pour disséquer les sujets de la matinale ?

Complètement. J’ai une approche presque scientifique. Je pars souvent du constat. L’observation pose un problème, auquel tu réponds par une hypothèse. Ensuite il y a l’expérience, l’interprétation et la conclusion. Par exemple quand j’ai la Ministre du logement, je constate qu’actuellement, il pousse des résidences partout alors que les centres-villes meurent. Alors j’essaye de comprendre pourquoi. C’est sans doute parce que quand on achète du neuf on est défiscalisé, alors je me demande quel rôle est joué par le gouvernement, le secteur du BTP, par rapport aux artisans, etc.

Tu as croisé pas mal d’énergumènes. Si chaque candidat appartenait à une espèce animale, qui serait quoi ?

C’est pas facile ça ! Valls je l’ai trouvé très nerveux. C’est un taureau de corrida, dans l’arène. Fillon je lui attribuerais le serpent, c’est un animal à sang froid. Ce n’est pas quelqu’un en proie à la nervosité. Macron ce serait un poulpe, avec toutes ses tentacules, il a un bras dans chaque sphère, un gros réseau. Dame Le Pen elle a un côté reine des abeilles, même si j’ai une bonne opinion des abeilles. Quand on voit les gens au service de son parti, ça semble très automatique. Elles sont à son service, sans recul. Parfois je discute avec des électeurs FN, et ils me disent que l’immigration coûte 2 milliards. Alors je leur réponds que l’évasion fiscale coûte 60 milliards chaque année, et que les eurodéputés FN ont voté pour le secret des affaires...

Ta vidéo sur le secret des affaires a fait beaucoup de bruit. Comment est-ce qu’on intéresse les gens avec des sujets qui ne sont, a priori, pas très funky ?

Y'a plusieurs choses sur cette vidéo. J’étais très surprise de l’impact qu’elle a eu. Pour moi, c’est lié à 4 choses : j’ai été plus accessible dans le contenu. En radio je mets les invités en face de faits, en faisant référence à des lois, etc. Ensuite, c’était plus drôle que d’habitude. C’était aussi une actualité très chaude, la vidéo a été postée quelques heures avant le vote. Enfin, j’ai fait ce tableau, le SAV qui a montré qui a voté quoi. On a découvert que les partis votent en bloc. Le PS a voté pour ou s’est abstenu, et apparemment les abstentionnistes, c’est des rebelles !

Le Parlement Européen a répondu à la vidéo, est-ce que ça te donne la sensation d’avoir une audience, l’envie d’aller plus loin ?

Ah oui. La première fois qu’un compte officiel m’a répondu, c’était le Ministère de l’Éducation Nationale, suite à une chronique sur la suppression des classes média. Le compte officiel m’a écrit pour me dire que c’était faux. Donc je leur ai tweeté la liste des établissements avec des classes média en leur donnant rendez-vous à la rentrée. Au final, je ne sais pas si ça a joué, mais le rectorat a débloqué in extremis des heures pour ces classes.

Les profs que j’avais rencontrés à France Inter m’ont expliqué qu’au dernier moment on leur avait ajouté des heures. Là, j’ai vu que la com’, c’est le nerf de la guerre. Avec l’argent. On a un vrai contre pouvoir parfois. Suite à la vidéo sur le secret des affaires, plusieurs comptes officiels m’ont répondu. Je vois qu’on me prend en compte, parce que j’ai une audience : il y a 700 000 personnes sur ma page facebook. Pour moi c’est important d’avoir ce poids, mais ça me pose un dilemme, dans l’utilisation que j’en fais. C’est bénéfique parce que c’est entendu, mais le côté négatif c’est qu’il faut que je fasse hyper attention à ce que je dis.
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On t’a déjà proposé de te lancer en politique, ou de soutenir un mouvement ?

Alors beaucoup de mouvements citoyens me le proposent, mais pas de partis déjà constitués. Mais il m’arrive de discuter avec eux. Par exemple il y a une nana d’Europe Écologie les Verts qui m’avait fait une super vidéo où elle me disait qu’eux aussi avaient fait une vidéo, justement, sur le secret des affaires, mais qu’elle n’avait eu que 106 vues… On discute pas mal, elle m’explique un peu comment ça se passe. Mais en général quand on me propose de m’engager, je dis non, parce qu’on ne peut pas être dedans et dehors.

Qu’est ce qui va se passer maintenant ?

Ma priorité c’est de prendre du temps pour moi. Et il y a aussi que je ne sais pas trop ce que je veux faire de ma vie ! Au départ je voulais être comédienne, mais maintenant que je me suis mise à étudier la politique, je me sens vraiment impliquée. Je trouve la société tellement injuste à l’égard des citoyens que je me dois de faire quelque chose. Je suis dans ce dilemme, je cherche l’équilibre entre moi et le commun. Donc j’ai un tournage cet été, j’ai aussi une proposition en télé pour faire une chronique hebdomadaire, mais c’est une grosse machine et je ne suis pas sûre d’en avoir envie. Ça demande beaucoup de travail, et ça voudrait dire passer 3 jours à Paris !
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LE QUIZZ

- LA BLAGUE PAS DRÔLE QUI TE FAIT RIRE ?
Celle des deux oeufs dans un frigo. Y en a un qui dit à l’autre : « Putain, t’es vachement poilu pour un oeuf » et l’autre répond « C’est normal, connard, je suis un kiwi ». Elle est mignonne.

- LE DERNIER SPECTACLE QUE TU AS VU, ET QUE TU NOUS CONSEILLES ?
Chaton Violent d’Oceanerosemarie. Très bien pensé. C’est un spectacle qui critique les bons bobos blancs, la caste à laquelle j’appartiens, qui donnent leur avis sans se rendre compte qu’ils peuvent être violents.

- LA PERSONNE LA PLUS DRÔLE QUE TU CONNAISSES ?
Mr Fraise, il est assez hilarant

- QU’EST-CE QUI TE FERAIT QUITTER AUBAGNE ?
S’il n’y avait plus de marché. Le jour où il n’y a plus de marché, Aubagne perd la moitié de sa population. Ni pour l’amour, ni pour ma carrière. Moi, c’est vraiment le marché !