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Mardi 03 Avril 2018

Grand Corps Malade : "La vie est une succession de Plans B"

Dans le jargon journalistique, Grand Corps malade (alias Fabien Marsaud) est ce qu’on appelle un « bon client de l’interview ». A peine installé devant notre tasse de thé, on prend notre respiration avant de plonger dans ses grands yeux bleus, pour se laisser porter par son flot de paroles. Promo de son nouvel album, préparation du live, organisation du tournage de son prochain film, amour du slam et de la vie : interview fleuve.

Tu reviens cette année avec un nouvel album, que tu as composé après avoir co-réalisé le film Patients. Comment as-tu vécu cette expérience, de voir se jouer le récit de ton accident ?
J’ai surtout vécu pleinement l’expérience cinéma, parce que l’accident, ça fait longtemps qu’il est encaissé. J’ai pris vachement de recul sur le côté personnel du truc. Le personnage principal ne s’appelle même pas Fabien. A la base ce film je l’ai vraiment fait pour le scénario, pour me frotter à un nouveau type d’écriture. Je ne pensais pas forcément le réaliser, et puis je me suis pris au jeu. Le scénario, la prépa du film, le casting, essayer de trouver les bons acteurs... Et le film a rencontré son public et a eu pas mal de succès donc c’était vraiment une super expérience. 

Quels ont été les réactions qui t’ont le plus touché suite au film ?
Il y en a eu tellement ! Quand tu rentres dans la salle après la projection c’est un moment incroyable. Plusieurs personnes nous ont dit que leurs enfants avaient été en centre de rééducation, et qu’ils étaient allés les voir presque tous les jours pendant 6, 9 mois ou un an, et que pourtant grâce au film ils avaient enfin compris ce qu’ils vivaient vraiment. 

Reviendras-tu à la réalisation ?
Oui, on a commencé à travailler avec Mehdi Idir. On a écrit un autre scénario, qui parlera de l’école dans les milieux populaires, les fameuses ZEP, qui s’appellent maintenant REP. On va suivre plusieurs personnages, adultes et enfants, au milieu d’un collège dans le 93 à Saint-Denis.

Cet album s’ouvre avec la chanson Plan B, dans laquelle tu dis que tu avais une idée de titre originale et poétique pour le nom de l’album, qui finalement s’appelle « plan B »...
J’avais une ou deux idées mais je ne te les dirais pas ! Je reprends souvent le titre d’une chanson. Cette fois je me suis dit qu’il faudrait trouver un Plan B pour le titre de l’album, et voilà. Et puis j’ai écrit un texte qui s’appelle comme ça, parce que ça correspond tellement à la vie : la vie c’est une succession de Plans B. Sans que ce soit péjoratif. La musique et le cinéma n’étaient pas mes Plans A, et pourtant c’est magnifique. 

Sur cet album il y a aussi le titre « Au Feu Rouge », qui parle du quotidien des migrants arrivés dans la capitale. Comment est née cette chanson ?
En regardant autour de moi, en partant de ces regards que tu croises au feu rouge et sur lesquels tu ne t’attardes pas, parce que tu as ta vie, des choses à faire. C’est un grand drame, un grand enjeu de notre époque et des décennies à venir, toutes ces mutations, ces migrations, ces peuples déracinés. On a ce grand mot, « les réfugiés », comme une grande masse informe qu’on ne connaît pas. J’ai imaginé le parcours de Yanah, et toutes les choses qu’elle a vécu alors qu’elle n’a que 20 ans. Elle était étudiante et elle a déjà risqué 100 fois sa vie avant de se retrouver là, à un feu rouge. Je voulais parler de tous ces humains. C’est pour ça que dans le clip, qu’on a tourné avec les réfugiés des centres Emmaüs Solidarité de Ivry-sur-Seine et de la Porte de la Chapelle, on a mis la profession qu’ils exerçaient dans leur pays. Et on s’aperçoit qu’ils sont comme nous, il y a un comptable, une coiffeuse, un étudiant, une mère au foyer... On a du mal à s’imaginer ça quand on les voit en galère au feu rouge. 

Qu’est-ce qui t’indigne ?
Tout ce qui fait qu’on oublie l’être humain, par peur de perdre notre petit confort ici. On les rejette, s’ils meurent dans la mer c’est pas plus mal. C’est incroyable. C’est le manque d’humanité qui m’indigne, sur ce sujet comme sur plein d’autres. Comme ces entreprises qui licencient à tour de bras, pour une poignée d’actionnaires qui veulent plus de rentabilité...

Dans cet album tu parles aussi de ta famille. Dimanche soir s’adresse d’ailleurs à ta femme. Ça ressemblait à quoi ton angoisse du dimanche soir avant de la rencontrer ?
Pour tout te dire moi les dimanches soir, je n’ai jamais eu de problème avec. Ça ne me faisait pas peur, j’aimais l’école, et après j’aimais mon taf. Je dis dans le texte : « c’est toi qui a trouvé le plus beau thème de notre histoire », parce que c’est elle qui n’aimait pas le dimanche soir. J’ai repris son thème pour en faire une chanson d’amour. 

Dans ton tout premier album, tu comparais les histoires d’amour à des voyages en train et tu nous conseillais de prendre le bus. Tu as changé d’avis ?
Je ne sais pas ! Le bus c’est un plan B aussi, derrière tu peux imaginer plein de trucs !

A l’origine, le slam se fait a cappella. A quel moment as-tu décidé de mettre tes textes en musique ?
Assez vite. Je slamais depuis 1 ou 2 ans. A l’époque avec mes potes on appelait ça des textes-kleenex, parce qu’on écrivait beaucoup, puis on les disait une fois dans un café et ils disparaissaient. J’aimais ce concept: il faut le capter le texte, et tu ne l’entendras plus jamais. Et après ça m’a frustré. Je me suis dit que certains textes mériteraient d’être réentendus. Et les enregistrer a cappella ce n’était pas très intéressant, ça ne marche qu’en live, avec un regard, la voix, un partage sur scène. Donc on en a fait des chansons, avec un pote musicien. Il y a deux choses primordiales dans le slam, l’a cappella, et le live. Sur mes CD y a de la musique et c’est pas du live. Je suis un slameur avec un projet musical. Ça me paraît important d’expliquer ça.

A l’origine, qu’est ce qui t’a interpelé dans le slam ?
J’ai écrit un texte là-dessus qui s’appelle « j’écris à l’oral ». Je me souviens d’un petit bar rue des dames à Paris, où j’ai suivi un pote qui avait perdu un pari et devait slamer. Je me suis assis et j’ai halluciné. De la qualité des textes, de la diversité des slameurs et des slameuses : y avait des étudiants, des mecs à moitié clochards, des profs propres sur eux. Et ces gens là ont remis la poésie à la mode. Pour moi c’était un truc de ringard et d’un coup je voyais des mecs en jean basket qui se revendiquaient poètes et qui rendaient ça classe. C’est à cette soirée que je me suis mangé tout ça dans la gueule.

Et tu en lis beaucoup, de la poésie ?
Non. Je n’en lisais pas vraiment. Chez Verlaine, Rimbaud, il y a des choses tellement parfaites, mais pourtant ça ne me touche pas plus que ça. Je suis vraiment dans la culture orale, j’ai besoin d’entendre la voix du poète, de sentir sa fragilité, son émotion, de voir son regard. Après si Rimbaud venait me slamer son texte je pense que je serais à genou ! 

Tu es allé encourager ce pote, mais toi, quand est-ce que tu t’es lancé ?
Dès le mois d’après. Je savais que j’étais probablement capable de faire ça. J’avais appris deux textes, et je me suis pointé dans ce bar. Quand je suis allé m’inscrire, ils m’ont demandé mon nom de scène. Je n’en avais pas et pour déconner, comme j’aime bien les noms de sioux, j’ai dit grand corps malade.

De quoi il parlait ce premier texte ?
Il s’appelait « Cassiopée », c’est une constellation. La veille de mon accident il y avait un mec qui s’y connaissait en astronomie et qui me l’avait montrée. J’imaginais que le lendemain elle avait vu l’accident et j’ai écrit un dialogue entre elle et moi.

Tu écris aussi pour d’autres artistes, tu peux nous donner quelques exemples ?
J’ai écrit un texte pour Johnny, Céline Dion. J’en ai écrit un pour Idir aussi, que je t’invite à aller voir, sa voix est magnifique, avec ce petit accent kabile. Le texte s’appelle Lettre à ma fille, c’est l’histoire d’un père musulman qui se demande si le poids de sa religion est compatible avec l’épanouissement de sa fille de vingt ans.

Qui est la personne la plus éloignée de ce que tu es pour qui tu pourrais écrire ?
Céline Dion. On peut difficilement imaginer plus éloigné : on ne fait pas du tout le même genre de musique, et on a les vies les plus radicalement opposées. Elle depuis qu’elle a 12 ans c’est une star absolue. Moi j’ai grandi en banlieue. Mais c’est aussi ça qui est  intéressant pour un parolier. Si je devais écrire pour un mec de mon âge qui vit au même endroit que moi et qui fait la même musique que moi, quel intérêt ?

Et maintenant ?
Maintenant, le disque, la tournée. C’est une année un peu folle, entre la promo pour l’album, la tournée qui démarre, et en parallèle il y a la préparation du film qu’on va tourner cet été, en même temps il y aura tous les festivals.

Et en live il va ressembler à quoi cet album ?
J’ai trois musiciens sur scène, un batteur percussionniste, un guitariste et un clavier. Il y aura aussi un peu de machines, parce qu’il y a des choses très produites sur l’album donc on va mettre quelques beats. On travaille sur l’enchaînement des morceaux, avec des moments un peu graves et d’autres plus conviviaux. Il y a des moments pas très loin du stand up, oDn peu fou, un beau morceau de Mozart.lon. un rs mots. de chante avec toi ? ssait les constellations s tu gagnes très bien ta viù on s’amuse avec les musiciens.

*** QUIZ ***

La chanson qui te fait pleurer ? Nantes de Barbara

Celle que tu as honte d’aimer ? Sapé comme jamais. C’est à cause de mes enfants.

Celle que tu aurais aimé composer ? Mistral gagnant. C’est simple, il y a de l’émotion. Chez Renaud il y en a un paquet que j’aurais aimé écrire.

Une chanson pour faire l’amour ? De la musique classique. Un truc un peu solennel, avec des envolées de violon. Un beau morceau de Mozart.

Une chanson pour s’enfuir cheveux au vent ? The Doobie Brothers, Long Train Runnin’

Celle que tu chantes sous la douche ? En ce moment ce sont les miennes. Mais ce n’est pas de l’égo ! Faut juste que je me mette tous les nouveaux titres en tête.