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Jeudi 27 Juillet 2017

Le Redoutable : l’interview de Michel Hazanavicius et Bérénice Bejo

Le Redoutable : l’interview de Michel Hazanavicius et Bérénice Bejo

Dans son dernier film, Michel Hazanivicius s’attaque à un monument du cinéma français : Jean-Luc Godard. L’histoire se passe en 1967. Jean-Luc Godard (Louis Garrel) est alors marié à Anne Wiazemsky (Stacy Martin) et file le parfait amour. Mais entre les réceptions pour le moins partagées de son dernier film, La Chinoise, et le mouvement de contestation de mai 68, le cinéaste amorce un tournant dans sa carrière, et décide de se révolutionner lui-même.
Loin de prétendre faire un biopic, le réalisateur d'OSS 117 utilise l’icône absolue qu’est Jean-Luc Godard dans une comédie à la fois très drôle et assez universelle. À l’occasion de la sortie du film, nous avons rencontré Michel Hazanavicius et Bérénice Bejo, au cinéma le Renoir à Aix-en-Provence.

Avez-vous eu besoin de l’autorisation de Jean-Luc Godard pour réaliser ce film ? A-t-il eu un droit de regard ?
Michel Hazanavicius :
Non nous n’avons pas eu besoin de son autorisation, parce que ce film est d’abord l’adaptation du roman d’Anne Wiazemsky, Un an après. Lorsque je l’ai contactée, elle ne pensait pas qu’une adaptation était possible au départ, puis elle a été séduite par l’idée d’en faire une comédie. On s’est rencontré et elle a finalement accepté.
Pour ce qui est de ce qu’en pense Godard, je n’en sais rien ! Il fait quasiment partie de l’histoire de France maintenant, et je pense qu’il regarde ça de très loin. Je l’ai tenu au courant de tout, mais il ne s’est pas manifesté, ce qui n’est peut être pas plus mal ! Je ne m’attends pas à un texto hyper sympa…
Bérénice Bejo : En même temps on peut comprendre qu’il n’ait pas envie qu’on raconte un morceau de sa vie…
MH : Après le film ne le juge pas du tout, et lui-même n’a jamais cherché à être sympathique. J’essaye d’en faire un type humain, avec des failles, des contradictions, des paradoxes, une volonté profonde de changer. Mais il a complètement le droit de trouver ça ridicule.

Le personnage dépeint est haut en couleur…
M.H : Oui, tout a fait. C’est un personnage très contrasté, entre ses idées révolutionnaires et ses valeurs bourgeoises, notamment vis-à-vis du mariage. Mais surtout c’est une icône, et ce qui est intéressant dans le film, c’est que son personnage parle beaucoup de tuer Godard justement. Quand on prend la décision de ne plus signer ses films par exemple, de s’enlever son propre nom, c’est très agressif. Je pense qu’il y a des aspects du « vrai » Godard, mais moi en tant que scénariste, j’ai pris cette icône, et je l’ai mis dans une aventure, dans une comédie.

Et vous, Bérénice, comment voyez-vous votre personnage, Michèle Rosier ?
B.B :
Mon rôle semblait petit à l’écriture, mais finalement c’est un personnage fort, assez flamboyant, qui arrive à se révéler à travers peu de scènes. On s’est posé la question de savoir si je devais jouer dans ce film, du qu’en dira-t-on, parce que c’est encore un film que je fais avec mon mari. Mais nous aimons travailler ensemble, et j’étais très heureuse de retrouver Michel dans une comédie.

MH : C’est vrai qu’il n’y a que deux rôles féminins dans le film, qui se passe à une époque, en 1968, où les femmes n’avaient pas la même place dans la société qu’aujourd’hui. Ce film est aussi l’histoire de l’émancipation d’Anne Wiazemsky, et Michèle Rosier (scénariste et réalisatrice, ndlr) y joue un rôle important. Elle amène justement cette subtilité entre idées révolutionnaires et valeurs bourgeoises.

Mai 68 est une partie importante du film, qu’est-ce que vous avez choisi de montrer ?
M.H :
Je voulais filmer l’engagement politique de manière à ce que ce soit le point fixe. Il n’y a pas de distance, pas d’ironie. Il y a une scène musicale où on est un peu distancié, mais c’est tout. Je voulais qu’on ressente ce souffle de la jeunesse, qu’on lise les slogans de cette époque, qui étaient créatifs, drôles, insolents. Je voulais que ça passe par du bruit, du monde, de la couleur, une foule, et que ce soit tourné à Paris pour de vrai. Ça a permis un vrai écho avec les images qu’on connaît aujourd’hui. Et ça correspond aussi à la révolution que Godard a entreprise sur lui-même. Même si on voit aussi les Situationnistes dans le film, qui vont encore plus loin, qui sont encore plus radical que lui. On voit d’ailleurs le slogan : « Godard, le plus con des suisses pro-chinois ». Ils l’ont doublé à gauche.

Vous rendez hommage à son cinéma aussi, avec des voix off, le traitement de l’image…
M.H :
Oui, j’ai pris des motifs qui étaient les siens, et je les ai mis au service d’une histoire beaucoup plus classique. Ces motifs, il les a utilisés il y a 50 ans, ils ont été digérés, re-digérés, transformés. Le jump cut par exemple, a été complètement assimilé, aujourd’hui il n’y a pas un seul youtubeur qui ne l’utilise pas. J’ai pris la figure de Jean-Luc Godard pour tout ce qu’elle représente, et également pour le côté pop de son cinéma.

Vous avez aussi fait beaucoup de films d’époque. Pourquoi ?
M.H :
J’ai fait quelques films, et c’était ceux dont j’avais envie, ce qui est une chance énorme ! C’est une histoire de désir, mais il n’y a pas vraiment de théorisation. Par exemple OSS 117, ça fait référence aux James Bond et à Hitchcock, mais en vrai c’est tout un dispositif qui permet de mettre en scène le personnage. Ce n’est pas un film sur le cinéma, c’est un film qui parle de clichés, et qui passe par les mêmes codes que les films d’espionnage. De la même manière que The Artist n’est pas un film sur le cinéma muet, ça correspond plutôt pour moi à l’envie d’un format. C’est l’histoire de ce personnage, acteur du cinéma muet, qui justifie la forme.

C’est la même chose pour Le Redoutable ?
M.H :
Oui, je suis tombé sur ce livre, et le thème me passionne, la cinématographie également. Finalement ce n’est pas un film sur Godard, c’est un film sur mai 68, sur l’amour, sur la crise existentielle, sur la crise de couple… et c’est aussi une comédie. Je ne veux pas que les gens pensent que c’est une thèse universitaire sur Godard, il est juste le personnage principal.

B.B : On n’a pas besoin de connaître ses films et sa biographie pour apprécier ce film. Ce personnage, et ce couple, sont très attachants. Un homme qui décide de nier sa personne, et de devenir quelqu’un d’autre, et cette jeune femme qui est amoureuse d’un homme qui change à ce point... On a tous peur quand on est en couple de se réveiller un matin et de ne plus reconnaître à côté de nous la femme ou l’homme qu’on aime. Sur ce sujet on peut tous se retrouver.

Quels sont vos films de Godard préférés ?
B.B :
Masculin Féminin, une femme mariée, le mépris
M.H : Le Mépris, Une Femme Mariée, Bande à Part, a bout de souffle…il y en a beaucoup !

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