Le temps d'aimer et de mourir (Ludovic Zuili, Guillaume Flageul)
Un dialogue brûlant, non conventionnel, entre photographie et peinture.
L'exposition aborde le champ de l'émoi amoureux, et plus largement la question du modèle. "Il faut tuer ce que l'on aime" disait Oscar Wilde : la dimension sentimentale se confronte à l'objectalité de l'amour, à la mise en scène du désir, à la peur de l'abandon et la séparation de l'être aimé. Du fantasme érotique au champ de la mort, c'est la vie en entier qui se transforme sous nos yeux et devient peu à peu un rituel fascinant, participatif et ludique, joyeux et inquiétant, à mi-chemin entre illusion et spectacle.
Au-delà de ses références à la photographie américaine contemporaine fascinée par la mise en abyme fétichiste du réel, les pouvoirs de leurre de la mise en scène, les mécanismes de sidération propres à la copie, qu’il s’agisse de traquer la théâtralité de la vie, de reconstituer des décors de cinéma à jamais inscrits dans nos mémoires, la série 8 ways to die de Ludovic Zuili a ceci de particulièrement intéressant qu’elle s’attache à créer, décrire l’impression de la vie bien plus qu’à la vider de son sens.
Dépassant le champ de la vanité où l’image est associée à une tromperie, un péché fondamental, la photographie est liée ici à un plaisir cérébral, de même qu’à un émoi véritable pour la beauté : conçue chaque fois en deux plans qui se font écho (la façade d’hôtel et la vue fragmentaire sur la jeune fille dans la chambre), elle nous entraine dans un jeu de contenant et de frontalité, qui donne une profondeur soudaine à l’image, lui permettant de jouer sur sa dimension de miroir et de réflexion comme s’il s’agissait d’une boite véritable, un espace à double fond qui renvoie aussi bien à la fonction réminiscente du « déjà-vu » qu’à la création d’une nouvelle expérience intime.
Tour à tour espiègle et intrigante, fixe et mouvante, la série nous encercle au travers de ses huit séquences et intervalles qui déclinent les différentes variations d’un mode d’aimer mélancolique et doux, pénétré par l’inquiétude du temps. Le charme, la tension sur le fil de cette série tiennent au fait que nous sommes à mi-chemin entre cinéma et photographie, à la charnière du journal intime et de l'installation conceptuelle, et que l’auteur se tient à une distance très épidermique de son modèle comme s’il s’agissait au travers de la "jeune fille" de dresser un autoportrait.
Clémentine Feuillet / galerie joseph antonin
Vernissage mercredi 3 juillet à 19h, en présence des artistes (happening et projection-vidéo).
Participation Vois off 2013 / Rencontres d'Arles.
galerie joseph antonin 40 rue Emile Barrère 13200 Arles
Site internet
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