Les Rencontres d’Arles s’invitent au (M)J1

Il y a quelques mois à peine, nous vous faisions quelques recommandations sur nos expositions préférées des Rencontres de la photographie d’Arles. Si vous les avez ratées, vous avez jusqu'au 7 janvier pour découvrir une sélection de huit expositions à Marseille, dans le géant de béton de la Joliette: le MJ1. Feedback sur cette immense exposition ! Avec plus de 621 oeuvres présentées, cette sélection est une véritable invitation à voyager à travers le travail de près de 40 photographes et à faire, par le biais de leurs œuvres, un état des lieux de la société dans laquelle nous vivons… et de ses travers. Voici ce qu'on en a retenu.

Des crises aux mutations

Nombreuses sont les crises mises en lumière par les clichés et images : à commencer par la crise climatique illustrée par les portraits intimistes et sincères de Gideon Mendel. L’artiste donne à voir les inondations qui touchent la planète à travers ceux qui les subissent. Avec Ligne de crue et Traces d’eau, il explore aussi les dégâts matériels que l’eau provoque sur son passage, et les marques qu’elle laisse après elle.

L’enquête photographique de Matthieu Asselin quant à elle, met le doigt sur la crise (agro) alimentaire provoquée par le géant Monsanto. Attention aux yeux et aux soulèvements de cœur car ce travail démontre une triste réalité et ses conséquences, qui perdurent encore aujourd’hui.

Les crises qui traversent le monde sont accompagnées ou suivies de métamorphoses. Le travail de Norman Benhrendt vous amènera en Turquie, d’Ankara à Istanbul où de nombreuses constructions et villes voient le jour, impulsées par le boom économique et démographique du pays, qui provoque également des fractures et laisse à la marge de nombreux citoyens.

Proche d’un autre idéal, la série Utopie pavillonnaire, inspirée par le projet Levitt France et mise en lumière par le travail de cinq photographes, démystifie ces 17 000 maisons standardisées, construites sur le modèle des suburbs américaines au début des années 1970. Si ces dernières traduisaient initialement un rêve de luxe, de modernité et de réalisation de soi, elles finissent par se révéler, par leur similarité, comme des cages dénuées de toute vie humaine.

Last but not least, vous pourrez apprécier les œuvres de plus de 20 artistes Colombiens du côté de La Vuelta. Cette partie explore les mutations qui touchent la Colombie contemporaine - qu’elles soient politiques, culturelles ou sociales - à travers le travail et l’interprétation de chacun ; tout est passé au peigne fin, même l’histoire et les conflits dont le pays a été traversé, avec justesse et parfois une note d’humour.

Ce qu’on en a pensé

Fouler le béton de cet immense hangar c’est donc voyager à travers le monde, son histoire, et sa santé : « Le monde tel qu’il va ! » ou peut-être tout simplement le monde tel qu’il est. Cette exposition n’est autre que l’opportunité de se confronter au réel par des photographies, des documents et autres œuvres. Autant de représentations visuelles, flirtant parfois avec l’irréel, qui nous amènent à nous questionner, sans misérabilisme mais avec une certaine lucidité - et parfois une brutalité tacite - sur l’état du monde et de la société dans laquelle nous vivons.

Vous en ressortirez outré ou subjugué, fasciné ou dépité, mais au moins touchés. Ces nombreuses œuvres valent le détour, pour au moins relativiser et se dire que même si le monde va (mal)… cela pourrait être bien pire !