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Mercredi 13 Juin 2018

Paul Dietschy : « Le vrai terrain de football aujourd’hui ce n’est pas la pelouse mais la télévision »

Paul Dietschy : « Le vrai terrain de football aujourd’hui ce n’est pas la pelouse mais la télévision »

Paul Dietschy est chercheur associé à Sciences-Po Paris et historien spécialiste du football. Comme une mise en jambe, il nous éclaire sur les grands enjeux du mondial en Russie. 

Qu’est-ce que le football nous raconte des relations internationales ?
On dit souvent que le sport est un baromètre des relations internationales. On peut, à travers l’histoire du football, voir des moments de tension entre les pays. C’était le cas lorsque, au lendemain de la Première guerre mondiale, les Anglais, les Belges et les Français ont pu exclure l’Allemagne du foot international, ou lorsqu’Israël a quitté la confédération asiatique de football suite aux pressions exercées par les pays du Golfe. Depuis une dizaine d’années, le football reflète deux choses dans les relations internationales, d’une part la place de l’Europe en tant que cœur économique de ce football, et d’autre part que ce sport permet d’exprimer le dynamisme parfois fragile des pays émergents, comme on l’a vu lors des dernières coupes du monde en Afrique du Sud en 2010, au Brésil en 2014, et aujourd’hui en Russie.

Au lendemain de la réélection de Poutine, quels sont les enjeux de ce mondial pour la Russie ?
Il n’y a pas de véritable enjeu sportif dans le sens où la Russie a très peu de chances de bien figurer. Mais ce n’est pas si important. Ce qui va compter pour Poutine, ce n’est pas non plus d’éviter les boycotts : il n’y en aura pas car les conséquences seraient trop importantes pour les fédérations. En revanche, il va veiller à la bonne tenue de l’organisation, que les stades, vitrines de l’événement, fonctionnent bien, que les supporters étrangers soient bien accueillis, et surtout qu’il n’y ait pas de violences avec les hooligans Russes, qui seront très certainement surveillés. L’enjeu de cette Coupe du Monde est de transmettre l’image d’un pays pacifique et prospère, d’une puissance économique moderne.

 Y aura-t-il des matchs susceptibles de revêtir un caractère politique ou historique ?
Le match d’ouverture, Russie – Arabie Saoudite. Il a une signification assez savoureuse, si l’on peut dire. Sans importance sur le plan du football, il renvoie au contexte politique actuel de la crise en Syrie. D’un côté, les Russes qui soutiennent le gouvernement syrien et l’Iran, en face, leur ennemi juré.

En 2022, c’est le Qatar qui accueillera la Coupe du Monde. Qu’en pensez-vous ?
Sur ce sujet, il y a une tradition de vilipender la Fifa, et de dire que le Qatar n’a rien à faire dans l’organisation de la Coupe du Monde. Je suis d’un avis un peu différent. La 1ere raison est que, finalement, le vrai terrain de football aujourd’hui n’est pas la pelouse mais la télévision. Donc que ce soit au Qatar ou ailleurs, ça ne change rien. Ensuite, il n’y a pas de raison que le Moyen-Orient n’organise pas de Coupe du Monde. La seule chose que l’on puisse regretter, c’est qu’une candidature multiple n’ait pas été proposée avec les Émirats Arabe Unis,le Koweït, le Bahreïn. Cela n’enlève pas toutes les questions posées sur l’attribution de cette coupe et l’influence du Qatar. Mais il faut se rappeler qu’aujourd’hui c’est devenu un enjeu. Pour la coupe du Monde 1998 lorsque la France a été choisie contre le Maroc, il est évident que la diplomatie française et le gouvernement français y ont contribué. C’est un jeu d’influence auquel tous les États se prêtent. Pour ce qui est de la corruption et de l’argent déployé, c’est une autre question...

Est-ce qu’il n’est pas regrettable que la Fifa n’utilise pas son influence pour se positionner vis-à-vis des États qui ne respectent pas les droits de l’homme, par exemple ?
C’est la grande question des relations internationales et sportives. La seule limite pour ne pas jouer dans un pays, c’est l’état de guerre. Mais si vous appliquez cet esprit là, qui est tout à fait noble, il n’y aurait plus de football international, car il y a plus de pays autoritaires et de dictatures dans le monde que de démocraties. Par ailleurs, on pourrait très bien critiquer les opérations menées par la France à l’international, qui sont peut-être justifiées à nos yeux, mais pas nécessairement pour le reste du monde. Alors, comment trancher ? Cela a été défini en partie par la Fifa avec le cas de l’apartheid. à ce moment là, les statuts de la Fifa ont intégré des clauses qui stipulent que toute fédération qui pratiquerait des formes de discriminations raciales serait exclue. Mais c’est une question complexe. Il me semble qu’il y a une double peine pour le football : on veut absolument que ce sport soit exemplaire, mais on ne demande pas du tout la même chose aux grandes entreprises. Est-ce que Total mène toujours ses activités dans des pays démocratiques ? Le football, parce qu’il est une importante caisse de résonance, est souvent pris à parti. Par exemple au Qatar, il y a un très beau Musée des Arts Islamiques, qui a été réalisé par des architectes Français et Américains. Personne ne s’est interrogé sur le nombre d’ouvriers morts sur le chantier ni sur leurs conditions de travail, alors que cette question a été posée à de multiples reprises lors de la construction des stades. Cela ne veut pas dire qu’il faille absolument approuver ce monde du football, mais il me semble qu’il y a des exigences à son égard qu’il n’y a pas dans d’autres domaines d’activité.

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