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Mercredi 28 Février 2018

Tueurs de séries

Tueurs de séries

 

Minuit, l’heure du crime. Un cri de terreur déchire le silence : un homme a été abattu de sang froid. Une situation qui nécessite assurément l’intervention d’une équipe de choc. Il y aurait un inspecteur (de préférence moustachu) un peu bougon, une scientifique au cœur tendre et un expert psychologique d’une perspicacité redoutable. Une enquête résolue en 42 minutes avec les Who pour bande originale. Spoiler alert : dans la réalité, rien de tout ça ne va arriver. 

Dans les séries, lorsqu’un détective arrive sur une scène de crime, il passe immédiatement sous le ruban « police line, do not cross » et se rend illico-presto près du corps. Bizarrement, dans la réalité, ce n’est pas comme ça qu’on aborde le problème : « Quand tu arrives sur une scène de crime, tu fais des constatations, en allant du général au particulier, puis en revenant sur le général, commente cet officier de Police Judiciaire, que nous appellerons Hutch. Imaginons qu’il y ait un mort dans un appartement : tu commences par observer l’extérieur, la rue, l’immeuble. Tu dois tout décrire : la manière dont tu pénètres dans l’immeuble, les voies d’accès et de sortie... Ensuite tu vas vers le corps, en faisant bien attention à la manière dont tu y accèdes, pour ne pas compromettre des traces. Il ne faut pas oublier que dès que tu rentres dans une pièce, tu y laisses ton ADN ». 

Chaque détail est important pour résoudre une enquête, particulièrement depuis 1902, date à laquelle le premier homicide a été résolu grâce au relevé d’empreinte, ce qui a ouvert la voie au développement de la police scientifique. Toutes les précautions doivent être prises pour ne pas polluer la scène de crime, ce qui peut s’avérer délicat en extérieur, où le vent, les passants, les oiseaux peuvent venir interférer. « Un indice peut être contenu dans un micro-détail : un cheveu, un crachat, un mégot... Quand les mecs de la police scientifique arrivent sur une scène de crime, ils s’équipent avec les sur-chaussures, les blouses, les masques, les gants, qu’ils changent à chaque nouveau prélèvement. Ce n’est pas comme dans les séries, où le mec qui fait les prélèvements est aussi celui qui fait le petit chimiste dans le labo, et qui mène l’enquête », poursuit Hutch. 

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Exit, donc, le Gil Grissom qui essuie négligemment ses vieilles savates sur le paillasson avant de se pencher sur le corps sans vie de la victime pour y repérer, à l’œil nu, un cheveu se trouvant à trois mètres de lui. Petite réjouissance tout de même, comme dans Les Experts, la police scientifique utilise des gadgets super cools : « Nous avons du matériel comme le Crimescope qui est doté d’un générateur de lumière diffusant à plusieurs longueurs d’onde suivant l’indice recherché : poils, fluide corporel, sang. Nous utilisons aussi différents produits permettant la révélations de traces sur différents supports, ou des lasers qu’on utilise pour reproduire les trajectoires de tir » détaille D.B., technicienne Principale de Police Technique et Scientifique. Son équipe ? Pas de punkette-geek insupportable, ni de chimiste ahuri, mais bel et bien une flopée de spécialistes « Il y a ceux qui travaillent sur le terrain pour faire des photographies, des relevés de traces et d’indices. D'autres scientifiques sont spécialisés en comparaison d'empreintes, d'écriture, dans l’élaboration de portrait robot, l’exploitation informatique et téléphonie. D'autres encore travaillent en laboratoire dans différentes sections : biologie- physico-chimie, balistique, vidéo, informatique », précise D.B.

Disparu en laissant des traces

En parallèle des recherches scientifiques, les policiers entament les enquêtes de voisinage. Chaque appartement de chaque immeuble aux alentours recevra la visite d’un enquêteur. Et ça peut être laborieux, car contrairement à la fiction, il n’y a pas toujours un clochard ou une prostituée exceptionnellement indiscrète, qui a non seulement tout vu et tout entendu, mais a également suivi le coupable jusqu’à chez lui par simple curiosité. « Dans la réalité, il y a rarement des témoins, raconte Hutch. Et lorsqu’il y en a, sous le coup de l’émotion, ils ne font pas forcément attention aux détails qui pourraient te servir. Quand on te dit que le tueur est un mec grand et costaud, de type asiatique ou maghrébin ou français… ce n’est pas forcément utile. Sauf si tu as un suspect, et dans ce cas tu fais une planche photographique. Tu peux aussi faire venir le témoin au moment de l’interpellation, pour faire une présentation derrière une glace sans tain. Globalement, un bon témoin c’est quelqu’un qui te donne la direction de fuite à laquelle tu n’aurais pas pensé, ou qui a vu le tueur monter dans une voiture et qui a relevé la plaque ou un modèle du véhicule ».

 « Le mec peut te dire en off : « c’est moi qui l’ai tué », ça n’a aucune valeur »

A ce stade là de notre épisode, un duo d’enquêteurs, probablement partenaires depuis plus de 20 ans, irait, guidé par son instinct, à la rencontre des voisins pour recueillir des témoignages. Sur chaque palier, ils collecteraient des histoires incroyables, puis rencontreraient de manière fortuite une personne clairement louche qui leur ferait murmurer, les yeux plissés et les sourcils froncés : « elle cache quelque chose ». Là encore, Hutch a refréné nos ardeurs : « Le mec peut te dire en off : « c’est moi qui l’ai tué », ça n’a aucune valeur. Toute la procédure pénale est écrite : s’il n’a pas signé ses déclarations, ça n’existe pas. Ça ne laisse pas de place pour la communication non verbale. Il y a des gens qui ne savent pas mentir, tu le sens, ils sont fébriles, ils ne sont pas clairs dans leur histoire. Mais tu dois tout retranscrire de manière compréhensible, et tu retranscris donc des choses qui sont clairement des mensonges. »  

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Pour Hutch, la plupart du temps, le tueur n’a pas un mobile transcendant. Des disputes en soirées qui tournent mal, un mec qui disjoncte en sortant de boîte et décide d’écraser tout le monde. On est loin du coup échafaudé par le kidnappeur du cousin de la sous-préfète, qui s’est avéré être le frère jumeau du président des États-Unis, qu’on pensait pourtant mort dans un tragique accident de moissonneuse batteuse. Mais il arrive que la victime soit une personne sans histoire, inconnue au bataillon. Alors l’affaire se corse : « Dans ce cas là tout l’entourage va y passer, explique Hutch. Il faut gratter, et vérifier tout ce qu’on te dit. Tu t’intéresses à leur téléphonie, pour savoir avec qui ils sont en contact et avec qui ils ont parlé avant et après le meurtre. Tu retraces leurs parcours, leurs itinéraires, leurs situations financières : tu ratisses large »

Chasseur de tête 

Parfois, on fait chou blanc : rien avec le voisinage, rien avec l’entourage, rien de rien. Si le meurtre est particulièrement sordide (introduction d’objets, scarifications, ablation de membres ou d’organes…) les enquêteurs peuvent faire appel à des personnes extérieures. Ce ne sont ni des mediums, ni des mentalistes, et encore moins des écrivains. Mais il existe au sein de la gendarmerie le département des sciences du comportement où travaillent les profileurs. Ces derniers viennent épauler les enquêteurs pour tenter de dresser le profil de l’agresseur et ainsi restreindre les pistes. Dans un article de Soren Seelow pour Le Monde, daté du 26 février 2014, le capitaine Marie-Laure Brunel-Dupin, fondatrice et responsable du DSC donne un exemple intéressant de l’éclaircissement permis par son service. En 2008, une femme est retrouvée morte chez elle, étranglée, la tête dans un sac plastique. Aucune trace de sperme n’est retrouvée, et la scène  ne présente pas de signes d’agression sexuelle. Seul le premier bouton du jean de la victime est dégrafé, ce qui oriente les enquêteurs vers un crime non sexuel. Mais ce bouton met le DSC sur une autre piste : « La victime était morte étranglée, et non étouffée, se souvient Marie-Laure Brunel-Dupin. Le sac plastique avait donc seulement servi à dissimuler sa tête : il arrive que le visage de la victime déstabilise l’auteur d’une agression. Pendant l’étranglement, la langue de la jeune femme avait bleui et était sortie de sa bouche, ce qui, selon nos hypothèses, lui avait coupé ses effets. Il avait abandonné son corps après avoir commencé d’ouvrir son pantalon. Il n’y avait pas eu à proprement parler d’agression sexuelle, mais c’est bien la piste d’un agresseur sexuel qu’il fallait privilégier. » 

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Une fois les fichiers de délinquants épluchés et les pistes explorées, arrive le moment fatidique  de la confrontation : l’audition. Pas de technique du good cop-bad cop, pas de coup de poing sur la table. « Les auditions se font souvent seul, nous explique Hutch. Il n’y a pas de méthodologie, ni de formation à proprement parler, chacun développe sa technique. Généralement si tu bouscules le mec, il se ferme et tu n’en tires rien. Tu recherches des mensonges ou des aveux, et les aveux sous la contrainte ne sont pas recevables. » La bonne vieille technique qui consiste à faire croire à l’un des deux suspects que l’autre a parlé n’est pas non plus privilégiée : « Tu peux lui dire que son pote l’a balancé pour voir sa réaction, ajoute Hutch, sceptique. Mais le suspect risque de demander à voir les déclarations de son collègue, ou de le confronter. Ça peut marcher sur les mecs fragiles, mais s’il est costaud, ça ne marchera pas. Tu dois essayer de le faire mentir ou se contredire, en passant tous les détails en revue pour l’amener à la faute. Une audition c’est un combat. Si tu as la conviction que le mec est coupable tu vas tout faire pour le coincer. »

Si nous étions dans une série télé, les policiers et enquêteurs iraient probablement fêter leur succès dans un bar. Entre deux whisky On the Rocks, ils se libéreraient de leur charge psychologique au cours de quelques échanges bien virils. Il ne leur resterait plus qu’à rentrer chez eux avec le sentiment du devoir accompli, et laisser la justice faire son travail. L’affaire serait sans doute confiée à un avocat aveugle justicier de la nuit, ou à son homologue féminine, maigrelette et névrosée… La suite au prochain épisode. 

Vu à la TV

> La série réaliste : The Wire
L'officier McNulty s’attaque à des réseaux criminels qui touchent de près ou de loin chaque habitant de Baltimore. Policiers, trafiquants en tous genres, politiciens, enseignants, journalistes, résidents, tous les axes de la série sont dépeints de manière quasi-documentaire, notamment grâce aux sociologues et anthropologues urbains qui ont vécu dans les quartiers de Baltimore pour faire leurs observations et ont participé à la rédaction des scénarios. C’est David Simon, un ancien journaliste spécialiste des crimes, qui est à l’origine de la série, considérée par beaucoup comme la meilleure série de tous les temps.    

La série tirée par les cheveux : Hawaii 5-0
Le pitch : sur l’archipel d’Hawaï, le gouverneur donne carte blanche au commandant Steve McGarrett pour former une unité de police afin de combattre le crime, par tous les moyens qu’il juge nécessaire. La série rassemble à peu près tous les clichés disponibles : les gadgets des experts, les psys d’esprit criminel, des intrigues abracadabrantesques. Ajoutez à cela des gonzesses peu vêtues et des paysages de carte postale, et le tour est joué.

>La série WTF : I Zombie 
Liv est devenue zombie à la suite d’une soirée arrosée. Dotée d’une conscience et d’un appétit sans fin, cette étudiante dévore les cervelles des cadavres de la morgue dans laquelle elle travaille en tant que médecin légiste. Mais une fois rassasiée, Liv perçoit les souvenirs du défunt, à tel point qu’elle peut déterminer les causes exactes de sa mort. Lorsqu’elle rencontre le détective Clive Babinaux, les deux personnages s’allient pour résoudre les affaires criminelles les plus énigmatiques.

 

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