Vent de fraîcheur sur la pop française

Si la variété française a parfois souffert d’une mauvaise image, force est de constater que ces dernières années, une jeune génération de groupes pop et rock a vu le jour, et a su redonner à la langue de Molière une place de renom dans l’industrie musicale.

Ils sont jeunes, ont grandi dans les années 1980 ou 1990 et tous, à quelques exceptions près, ont été bercés par les mêmes inspirations: de la New Wave à la Variété, d’Elie & Jacno à Etienne Daho en passant par Marie et les garçons ou encore Niagara.

Outre ces influences musicales, le dénominateur commun à cette jeune génération d’artistes français réside dans son mode de vie décomplexé: loin de se cantonner à un univers musical cloisonné, elle  a su ouvrir les vannes et mélanger les genres.

Éclatement de(s) genre(s)

On se souvient de la déferlante engagée par La Femme, à la sortie de l’album rock Psycho Tropical Berlin en 2013. Le groupe a-t-il été l’instigateur de cette nouvelle scène?

Une chose est sûre, depuis, l’histoire ne s’est pas arrêtée. Les groupes continuent de se créer, accolant sans pudeur à leurs textes des sonorités tantôt rock, tantôt psyché, parfois pop ou encore électro. Mélange réussi pour le groupe Paradis, avec son premier EP Recto Verso et de nombreuses reprises. Parmi ces dernières, on retrouve Alain Chamfort.

Même constat pour le duo électro Polo&Pan voguant sur des mélodies plus tropicalistes. La liste est encore longue et ne saurait être exhaustive. The Pirouettes, Bleu Toucan, De La Montagne, Bon Voyage Organisation, PÉPITE, on ne les compte plus...

Avec ambition mais sans prétention, ces jeunes artistes utilisent des textes d’une étrange simplicité, qui ne manquent pas de poésie. Tous amènent à leur façon un spleen joyeux sur des airs de synthé et n’ont pas peur de croiser les styles. Il semblerait que la magie des années 1980 ait opéré.

Nouvelle(s) esthétique(s)

Ce qui donne en outre toute sa légitimité à cette nouvelle scène française est l’esthétique dont elle est empreinte. N’ayons pas peur de dire que ces artistes se sont chacun créé un univers qui leur est propre. Parfois déjanté, complètement décalé, ou d’une lucidité effrayante, tout cela en jouant sur les mots, les images ou les apparences.
Il n’y a qu’à s’y pencher d’un peu plus près. Si nous connaissons (presque) tous, la coupe de cheveux de Jacques (l’inclassable, au demeurant), nous n’avions peut-être pas vu venir les clips rétro de la chanteuse Corine, dont le style vestimentaire tout droit sorti des années 1980 ne manque pas de cran, et permet à l’artiste de se jouer avec humour et finesse des clichés de ces années là.

Plus récemment la jeune Charline Mignot, aka Vendredi sur mer s’est imposée avec une pop lascive, aussi envoûtante que futuriste. Son charisme et sa voix se mélangent pour créer univers déroutant, quasi onirique notamment dans son tout dernier clip La fille a la peau bleue.

Certains diront que ces jeunes gens n’ont rien inventé, qu’ils nous donnent des impressions de déjà-vu. D’autres préféreront y voir un nouveau souffle sur la musique française. Serait-on en train d’assister à la naissance d’une nouvelle Nouvelle Vague française? En tout cas, nous, on a hâte de voir la suite.