Voyage au bout de la nuit

Écrit en 1932, Voyage au bout de la nuit a révolutionné le monde des lettres, et fait basculer le roman dans la modernité.
Il n'est pas aisé de réduire en version théâtrale, sans abîmer l'oeuvre, ces pages hallucinantes écrites dans une langue qui emprunte à la rue, aux propos de bistrot, aux bonimenteurs de foire, à la gouaille populaire. Nicolas Massadeau l'a fait avec bonheur et Jean-François Balmer endosse le manteau du héros célinien, seul en scène, avec pour seul décor un ciel changeant et un banc. « Mon Céline, celui-là que j'ai mis dans la gibecière pour aborder Voyage, c'est un homme naïf qui va traverser ahuri un abattoir international en folie, dont il va s'échapper vivant mais pas indemne, marqué à la tête et pour toujours » confie Balmer... Et de nous convier à une traversée du siècle et des continents, la guerre de 1914-18, l'Afrique colonisée, l'Amérique libérale, la banlieue misérable de Paris. « On est puceau de l'horreur comme on l'est de la volupté » dit le jeune Bardamu réchappé des tranchées. Et quelques décennies plus tard, revenu de tout, aux côtés des « miteux » qu'il soigne gratuitement, il ne reste à Bardamu « qu'à réussir sa mort ».